Le chat est un carnivore strict, ce qui signifie que l'essentiel de son alimentation naturelle est constitué de protéines d'origine animale; lui donner un régime végétarien le vouerait à une mort certaine, par carences multiples. Mais cela ne veut pas dire non plus qu'il doive se nourrir exclusivement de viande!
La FEDIAF recommande chez le chat adulte une ration alimentaire composée d'au minimum 25% de protéines, 9% de lipides et chez le chaton ou la femelle gestante un minimum de 30% de protéines et 9% de lipides.
Beaucoup de vétérinaires, se basant sur le régime alimentaire du chat à l'état sauvage, constitué en majorité de rongeurs, notamment de souris, préconisent des taux de protéines plus élevés de 35 à 45%.
L'analyse de la composition corporelle de la souris adulte révèle en effet que celle-ci est constituée (sur la matière sèche) de 20 à 24% de lipides, 55 à 60% de protéines et 10 à 11% de cendres. Si l'on excepte certaines maladies rénales, un régime trop riche en protéines n'est jamais pénalisant pour le chat.
Les besoins en eau sont importants, puisque les proies dont il se nourrit naturellement sont constituées de 70 à 75% d'eau.
Le chat est adapté à un régime riche en graisse et en protéines, apportant un certain nombre de minéraux, d'élements trace et de vitamines et pauvre en glucides (8 à 10% par déduction de l'analyse nutritionnelle ci-dessus).
Les aliments industriels contiennent le plus souvent plus de 25% d'hydrates de carbone. La plupart du temps, ce taux élévé s'explique par la présence de céréales, ce qui présente 2 avantages pour les industriels de l'alimentation animale:
- l'utilisation des céréales permet de monter le taux en protéines (d'origine végétale bien sûr)
- l'utilisation des céréales permet de faire baisser le prix de revient des aliments industriels; les céréales coûtent en effet beaucoup moins cher que la viande
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On peut d'ailleurs remarquer que ne figure jamais le taux d'hydrates de carbone dans l'analyse moyenne qui est donnée sur les emballages, sauf bien sûr, si le produit se démarque des autres en affichant un taux faible d'hydrates de carbone (Orijen, Applaws). La Commission Européenne, en étroite collaboration avec la FEDIAF, a voté une série de lois règlementant l'étiquetage et les informations figurant sur les emballages des produits alimentaires, dont celles concernant l'analyse moyenne, qui doit obligatoirement mentionner les pourcentages d'humidité, de protéines brutes, matières grasses brutes, cendres brutes et cellulose brute. A partir de ces données, il est tout à fait facile de calculer le pourcentage de glucides (amidon et sucres). Pour un aliment de qualité optimale, les hydrates de carbone ne devraient pas représenter plus de 10% de l'apport calorique total.
Un certain nombre d'informations figurant sur les étiquettes sont uniquement des arguments marketing. Les termes "naturel" , "premium" ou "recommandé par les vétérinaires" ne sont pas le gage d'une meilleure qualité. Il n'y a pas non plus d'élément scientifique qui justifie de donner un régime différent selon la race du chat. Enfin, il faut être vigilant pour toutes les formules "light" ou "indoor", car si le taux de lipides est diminué, le taux de glucides peut être quant à lui plus élevé qu'un aliment "normal".
Devenu animal de compagnie, le chat a connu des régimes alimentaires variés, et pour certains, qu'ils soient d'origine ménagère ou industrielle, tout à fait inadaptés à ses besoins physiologiques. Un certain nombre de pathologies en relation avec des carences nutritionnelles sont désormais bien connues.
La taurine est un acide amino-sulfonique essentiel dans la mesure où l'organisme félin ne le synthétise pas, sa seule source est donc alimentaire, exclusivement animale (viande, surtout le coeur, poissons, laitages).
Les scientifiques ont mis en évidence qu'un régime pauvre en taurine est responsable de complications essentiellement ophtalmique (dégénérescence rétinienne) et cardiaque (cardiomyopathie dilatée) sans compter une diminution des capacités de reproduction et des troubles de la croissance.
Chez le chat, le calcium et la vitamine D sont d'origine alimentaire. Le calcium est présent essentiellement dans les os des proies. Les chats nourris exclusivement de viande présentent quant à eux une carence en calcium associée à une hyperphosphorémie, entraînant une hyperparathyroïdie secondaire, avec pour conséquences, une déminéralisation osseuse et des fractures.
Dans les années 80-90, les scientifiques démontrèrent l'importance du pH alimentaire: un pH élevé peut induire la formation de calculs urinaires de struvite (calculs phospho-ammoniaco-magnésiens), et un pH trop bas, acide, augmente l'incidence des lithiases urinaires d'oxalate de calcium.
C'est pourquoi les aliments industriels ont été reformulés pour un pH neutre, de 6.5, ce qui correspond au pH de la souris.
Des études récentes ont montré que les glucides (amidon et fibres) potentiellement stimulent la formation de calculs de struvite et entraînent une perte de calcium, phosphore et magnésium.
Actuellement, le chat domestique est confronté à un problème, celui de la surcharge pondérale. Le Dr Greco, vétérinaire au "Animal Medical Center" de New-York, estime que 40% des chats domestiques sont obèses, avec un pic entre 7 et 12 ans.
La relation directe entre obésite et ration alimentaire riche en hydrates de carbone ne fait pas l'unanimité. Des études ont montré que le chat métabolise les sucres simples de façon efficace quand ils sont ajoutés à un régime carné, et l'amidon, avec une meilleure digestibilité quand celui-ci est réduit en poudre ou au mieux, cuit.
De trop fortes concentrations en lactose provoquent des diarrhées, en raison d'une activité lactase inadéquate. La cellulose non hydrolysée est quant à elle totalement inassimilable.
Mais, contrairement aux omnivores (chien), le chat possède une activité enzymatique glucokinase hépatique faible, de ce fait ses réserves en glycogène hépatique (forme de stockage du glucose) sont peu importantes et il aurait une propension à stocker l'excès de glucose sous forme de graisse.
Quoi qu'il en soit, la nécessité d'un minimum d'apport de glucides dans la ration alimentaire n'a jamais été démontrée.
L'obésité est un problème multifactoriel, concernant essentiellement les individus neutrés, vivant à l'intérieur avec une activité physique réduite.
L'obésité, comme chez l'homme, est un facteur de risque majeur de diabète gras (4 fois supérieur à une population de poids normal), mais elle n'est pas le seul. Le diabète de type 2 est causé par une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux.
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